La Minute Aviation : Le Bénin doit-il avoir son propre avion présidentiel ? (Une réflexion pour l'avenir)

Depuis plusieurs années, le gouvernement béninois fait le choix de louer des avions VIP en full ACMI ou charter pour les déplacements du chef de l’État. Cette stratégie, bien que justifiable sur le plan économique, soulève des questions : pourquoi notre pays n’investit-il pas dans un avion présidentiel ? Est-ce un bon choix sur le long terme ? En tant que passionné aéronautique, je veux partager une analyse équilibrée sur ce sujet, en mettant en lumière les avantages, les inconvénients et une vision pour l’avenir.
D’un point de vue économique, ne pas posséder d’avion présidentiel permet d’éviter des coûts élevés liés à l’achat, l’entretien, le carburant et la formation des équipages. Un avion gouvernemental est un investissement qui nécessite une gestion rigoureuse. En louant des avions au cas par cas, l’État conserve une flexibilité en choisissant le modèle le plus adapté à chaque voyage. De plus, cela évite les polémiques sur les dépenses publiques excessives, qui sont souvent au cœur des critiques lorsqu’un pays africain achète un jet présidentiel flambant neuf.
Mais il y a aussi un revers de la médaille. Louer un avion signifie dépendre de prestataires étrangers et ne pas avoir un appareil disponible en permanence pour les besoins urgents du gouvernement. Cela peut aussi poser un problème d’image et de souveraineté : un pays qui aspire à un développement fort et à une influence régionale devrait-il continuer à emprunter les avions des autres pour ses dirigeants ?
Au-delà du débat sur un avion présidentiel, il y a un enjeu encore plus grand : l’investissement dans l’aviation béninoise. Nous avons une jeunesse talentueuse et ambitieuse qui rêve de devenir pilote, mécanicien aéronautique, hôtesse de l’air, steward. Pourtant, le Bénin ne dispose pas encore d’une infrastructure forte pour former ses jeunes dans ces métiers d’avenir. D’autres pays africains ont compris l’importance stratégique de l’aéronautique et ont investi massivement dans la formation de leurs talents.
Le Togo avec Asky Airlines, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Sénégal, l'Éthiopie, le Rwanda, le Kenya ou encore la République Démocratique du Congo ont fait des efforts considérables pour former leurs jeunes et leur donner des opportunités dans l’aviation.Aujourd’hui, des pilotes, des ingénieurs et des membres d’équipage formés localement font la fierté de ces nations.
Pourquoi le Bénin ne pourrait-il pas suivre cette voie ? Nous avons le potentiel, nous avons l’intelligence et la passion. Il ne manque que la volonté politique et les investissements nécessaires pour faire décoller cette industrie chez nous.
Je veux encourager le gouvernement béninois à croire en sa jeunesse et à investir dans l’aéronautique. Ce n’est pas seulement une question de prestige, c’est une opportunité économique et stratégique. Un pays qui forme ses propres pilotes et ingénieurs crée des emplois, renforce son indépendance et devient un acteur clé dans l’aviation africaine. L’espoir est possible si on donne à notre jeunesse les moyens de réussir.

Nous pouvons rêver grand. Et nous devons agir dès maintenant.

Cdt. Habib Aboukhedoud 🇧🇯

Pilote de ligne, instructeur, je crois en une aviation africaine forte par les jeunes et pour les jeunes, alors démystifions l'aviation dans nos contrées et régions en partageant et en vulgarisant l'aéronautique.

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