22 Septembre 2023
Aujourd’hui, seulement 2% du trafic aérien mondial est assuré par des compagnies africaines. Le continent présente donc un potentiel de croissance du marché aérien important. La première compagnie africaine, Ethiopian Airlines, fait figure d’exception, avec 5 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2022. Quelle est la recette du succès ? Et quels sont les enjeux du secteur ?
À l’heure de pointe, les terminaux de l’aéroport d’Addis-Abeba sont bondés. Ousmane Conté est guinéen, et agent de joueur de football. Il va partout dans le monde et privilégie les compagnies du continent. « Il faut faire la promo du continent africain. Avec tous les efforts que fournit Ethiopian Airlines et que toutes les autres compagnies africaines fournissent, c’est un plaisir pour moi de contribuer à ma façon », plaide-t-il.
Sur le tarmac, les avions sont aux couleurs d’Ethiopian Airlines. Les autres compagnies africaines accusent 3,2 milliards d’euros de perte entre 2020 et 2022, en grande partie à cause de l’épidémie de Covid-19. Certaines, comme Kenya Airways ou South Africa Airways, sont en restructuration. Opérer sur le continent est plus difficile qu’ailleurs : le carburant y est plus cher et les levées de fonds plus coûteuses.
Cela n’a pas empêché la compagnie éthiopienne de dégager 868 millions d’euros de bénéfices en 2022, grâce à une gestion financière solide et à un modèle qui intègre tous les services liés au voyage. Explications de Raffaella Irié, experte en data et statistique à l’association des compagnies aériennes africaines : « Tout l’aéroport d'Addis-Abeba est géré par Ethiopian Airlines. Ils ont aussi les activités connexes comme l’hôtellerie, qui permet d’économiser certains coûts. Comme toutes les personnes en transit ici, la plupart sont logées au Skylight Hotel, qui appartient à Ethiopian Airlines », souligne l'experte.
Un esprit d'entreprise patriotique partagé par le personnel
La compagnie, contrôlée par l’État, forme aussi son personnel dans sa propre académie universitaire, ce qui favorise une stabilité managériale et un esprit d’entreprise très patriotique partagé par le personnel, comme Selamawit Teshome, cheffe d’équipe.
« Quand j’étais petite fille, je regardais les pubs, je voyais l’équipage de l’avion, le pilote et tout ça, on pouvait voir qu’ils étaient heureux. Je voulais faire partie de ça et faire ma part, et contribuer à mon pays et travailler pour la compagnie aérienne nationale », se souvient-elle.
En vue de s’étendre, Ethiopian Airlines défend un marché aérien unique en Afrique pour que toutes les compagnies aient un accès libre aux pays signataires. Elle a multiplié les partenariats stratégiques et financiers avec des compagnies sous-régionales comme Asky ou Air Malawi. Mais il reste des obstacles : manque de volonté politique, protectionnisme, et taxes trop élevées qui pèsent sur une clientèle encore très privilégiée.
Source www.rfi.fr